Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/391

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le communiquer à qui bon luy sembleroit. Il usa de son droit mais avec sa permission peu de têms aprés à l’égard de M De Pollot qui hantoit la cour du Prince D’Orange et celle de la Reine De Bohéme à La Haye, et qu’il sçavoit d’ailleurs être l’ami particulier de M Descartes, et luy rendre de fort bons services dans toutes les occasions qui se rencontroient. M Descartes en écrivit à M De Pollot pour l’assûrer qu’il n’y trouvoit pas à redire.

Pour le petit écrit des méchaniques, dit-il, que j’envoyay il y a quelque têms à M De Zuytlichem, je ne m’y suis reservé aucun pouvoir. Ainsi comme je ne sçaurois trouver que trés-bon qu’il vous le communique, s’il luy plaît ; aussi ne sçaurois-je trouver mauvais qu’il s’en abstienne pour la honte que j’ay qu’on voye de moy un écrit si imparfait. Ces sentimens font assez connoître combien il auroit été éloigné de souffrir que cét écrit fût jamais imprimé ; et il est croyable que ny M De Zuytlichem, ny M De Pollot, ny aucun autre de ses amis ne se seroit point résolu à luy rendre ce mauvais office aprés sa mort, s’il avoit acquitté de son vivant la parole qu’il leur avoit donnée de travailler à un traité complet et régulier des méchaniques. Mais le Sieur Borel se trouvant en Hollande aprés sa mort, et ayant recouvré une copie de l’écrit imparfait qu’avoient eu M De Zuytlichem et M De Pollot, ne fit point difficulté de la donner avec deux lettres addressées à la Princesse Elizabeth pour les mettre sous la presse. Cét écrit que les connoisseurs estiment comparable aux plus gros ouvrages de méchanique, fut imprimé à Paris l’an 1668 In Iv avec celuy de la musique par les soins du P Poisson de l’oratoire. Cependant pour ne point omettre mal à propos ce qui peut servir de réponse à ceux qui voudroient maintenant qu’on eût égard aux imperfections de ce traité, il faut les avertir que la crainte qu’avoit M Descartes de s’engager dans un traité qui fût beaucoup plus long que M De Zuytlichem n’avoit demandé, a été cause qu’il y a omis le plus beau de son sujet

comme entr’autres

choses, 1 la considération de la vitesse, 2 les difficultez de la balance, 3 et plusieurs moyens qu’on peut avoir pour augmenter la force des mouvemens qui différent de ceux qu’il a expliquez. Ainsi c’est sur sa paresse plûtôt que sur l’ignorance de son sujet que