Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/394

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pour se faciliter l’intelligence de quelques endroits qu’il trouvoit obscurs dans le second livre de la géométrie. M Descartes répondit au P Mersenne sur l’un et l’autre point. Je ne trouve pas étrange, luy dit-il, que M Mydorge ne soit pas d’accord avec moy en plusieurs choses de ce que j’écris de la vision.

Car c’est une matiére qu’il a cy-devant beaucoup étudiée : et n’ayant pas suivi les mêmes principes que moy, il doit avoir pris d’autres opinions. Mais j’espére que plus il examinera mes raisons, plus elles le satisferont : et il a l’esprit trop bon pour ne se rendre pas du côté de la vérité. Je ne ferois nulle difficulté de luy envoyer ma vieille algébre, si elle en valloit la peine. C’est un écrit qui ne me semble pas mériter d’être vû : et par ce qu’il n’y a personne, que je sçache, qui en ait de copie, je seray bien aise qu’il ne sorte plus de mes mains. Mais s’il veut prendre la peine d’examiner le troisiéme livre de ma géométrie, j’espére qu’il le trouvera assez facile, et qu’il viendra ensuite aisément à bout du second.

Il paroît que M Mydorge suivit ce conseil, et qu’il ne s’en trouva point mal. Il n’eut plus d’objections à faire à son amy : et loin de le fatiguer avec beaucoup d’autres par cét endroit, on peut dire qu’il fit le Descartes à Paris, en se chargeant de répondre pour son amy absent, aux objections qu’on ne voulut pas envoyer en Hollande. Il ne fut pas le seul à Paris qui s’étudia à luy rendre de bons offices. M Des Argues dont nous avons déja eu occasion de parler, n’oublia rien pour le servir auprés du Cardinal De Richelieu, et pour faire valoir ses inventions de dioptrique à ceux qui approchoient de son eminence. Il s’addressa au P Mersenne pour faire sçavoir à M Descartes l’état où il avoit mis les choses, et pour luy mander que le cardinal avoit écouté les propositions qu’on luy avoit faites de travailler à des lunettes sur les régles qu’il en donne dans sa dioptrique. M Descartes récrivit au P Mersenne pour luy marquer son éloignement sur ces résolutions. Il le pria de témoigner à M Des Argues et aux autres personnes qui se méloient de cette affaire, qu’il leur étoit trés-obligé de la bonne opinion qu’ils avoient donnée à la cour de ses inventions de dioptrique : mais qu’il ne croyoit point que les pensées de m. Le cardinal dûssent s’abbaisser jusqu’à