Page:Baillet - La Vie de monsieur Des-Cartes, première partie.djvu/409

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au P Mersenne contre le traité de maximis . La ville de Toulouse et le desert d’Egmond étoient des extrémitez où il étoit difficile que les parties pussent agir, et elles avoient assez de fierté pour ne vouloir pas avancer l’une en faveur de l’autre. La providence y ménagea un milieu, et disposa tellement les choses, que la ville de Paris où étoient leurs habitudes, leurs amis, et leurs adversaires, devint insensiblement le bureau où leurs différents devoient être examinez. Le P Mersenne sans y songer avoit donné lieu à cette disposition, en mettant entre les mains de Messieurs Pascal et De Roberval à Paris l’écrit de M Descartes qu’il devoit envoyer à Toulouse pour M De Fermat. Ces deux messieurs s’étant chargez de répondre pour M De Fermat sembloient agir suivant la même disposition de la providence sans la connoître. M Descartes de son côté s’étant mis en devoir de répondre à ces deux messieurs parut consentir que l’on connût de son affaire à Paris. Il finit sa réponse en les suppliant de croire, que s’il y avoit quelque animosité particuliére entre M De Fermat et luy, comme ils sembloient le marquer dans leur écrit, elle étoit toute entiére du côté de M De Fermat. Car de sa part il croyoit n’avoir aucun sujet de sçavoir mauvais gré à ceux qui vouloient s’éprouver contre luy dans un combat, où souvent l’on peut être vaincu sans infamie.

Voyant que M De Fermat avoit des amis importans qui s’intéressoient si fort à sa défense, il ne pouvoit douter qu’il n’eût des qualitez aimables qui les y conviassent. D’ailleurs il estimoit extrémement dans ces amis la fidélité qu’ils luy témoignoient : et parce que c’est une vertu également rare et précieuse, il assûre qu’elle suffisoit seule pour l’obliger à être leur trés-humble serviteur .

Mais puisque ces messieurs avoient jugé à propos de se rendre les avocats de sa partie dans une cause qui luy paroissoit peu soutenable, il témoignoit espérer de leur prudence qu’ils ne voudroient pas être ses juges ; et qu’ils ne trouveroient pas mauvais qu’il les recusât avec quelques autres des amis de M Fermat. Les autres mathématiciens que l’on auroit pû engager à connoître de cette affaire, n’étoient pas sans doute en petit nombre à Paris. Mais les uns n’étoient pas en état d’entendre assez parfaitement la géométrie