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publics d’autrefois; opinion qui n’a d’autre fondement que les notions laissées par M. Necker sur le montant des anciennes impositions.

Ceux qui n’ont consulté sur cet objet que les écrits du ministre peuvent croire en effet que la généralité des impositions ne s’élevait qu’à environ six cents millions ; et, s’ils comparent à ce résultat le montant brut du milliard qui figure annuellement sur nos budgets, dans la forte différence que présente au premier coup-d’œil ce rapprochement ils croient trouver la preuve que le gouvernement prélève maintenant des sommes supérieures à ce qui était payé jadis, et hors de proportion avec les ressources contributives du sol et de l’industrie du royaume. Mais ils oublient qu'avant la révolution, indépendamment des charges mentionnées par M. Necker, sans compter les rentes et les autres redevances foncières qui étaient le prix légitime d'une ancienne concession de propriété, l’agriculture supportait l'énorme fardeau des dîmes, et d'une foule de droits purement féodaux ; qu’alors une moitié seulement du territoire de la France acquittait la masse de l’impôt foncier, qui est répandu aujourd’hui sur toute l’étendue du même sol, dont la valeur productive s’est accrue par de nombreux défrichements ; v qu’autrefois encore le commerce était entrave par des péages multipliés, parades barrières de douanes intérieures qui condamnaient