Page:Bainville - Bismarck.djvu/167

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sit et, dans le fameux conseil d’Osterode, le 21 novembre 1806 (date historique pour la Prusse), il décida de repousser les nouvelles exigences de Napoléon. Tous les historiens qui ont raconté cet événement ont dû reconnaître que c’est l’institution monarchique qui a sauvé la Prusse, l’instinct de conservation dynastique qui a dicté la résolution d’Osterode. Ranke a tout expliqué en écrivant à ce sujet :

À coup sûr, Frédéric-Guillaume III ne peut être comparé ni au grand Électeur ni au grand Frédéric, ces deux héros. Mais, devant ces propositions de Napoléon, l’instinct de la maison de Brandebourg se réveilla en lui.

La médiocrité et les défauts de Frédéric-Guillaume III n’étaient pas irrémédiables. Frédéric-Guillaume lui-même n’était pas éternel. La maison dont il était le chef et qui devait durer plus que lui le commandait. Réduit à autant de territoire, ou à peu près, qu’en eut jadis le roi de Bourges, le roi de Prusse, dans sa misère, retrouva la force de s’opposer aux dernières exigences du vainqueur. Contraint et forcé sans doute, et sous la pression des événements, il fera quand même son devoir de roi. C’est autour de lui que se grouperont les rares patriotes qui restent encore en Prusse. C’est avec lui que les Hardenberg, les Stein, les Scharnhorst, referont leur patrie. Quelle admirable leçon de politique !