Page:Bainville - Bismarck.djvu/250

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gouvernement préféré de Bismarck après la guerre ; qu’il fut, le mot n’est pas trop fort et on peut le dire sans hésiter aujourd’hui, l’instrument de l’Allemagne pendant toute la période du relèvement français. Et même, ce que le duc de Broglie n’avait dit que par allusion académique, avec des pudeurs d’ancien adversaire, et exactement comme un homme qui se croit tenu à quelque ménagement pour un ancien confrère des Assemblées, toutes ces choses terribles pour la mémoire de M. Thiers, le vicomte de Gontaut-Biron les a dites avec la dernière netteté.

Or, le critique de la Revue historique ayant dû choisir entre le duc de Broglie et le vicomte de Gontaut-Biron, puisqu’il corrigeait l’un à l’aide de l’autre, a été contraint d’affirmer que le second est absolument digne de foi. Concession dangereuse pour les républicains. M. Émile Bourgeois s’est si bien aperçu du danger qu’il y avait à authentiquer les Souvenirs de M. de Gontaut, qu’il se résout à aborder la difficulté de front. Il reproche purement et simplement au duc de Broglie de n’avoir pas assez dit de quelle faveur M. Thiers jouissait à Berlin, dans la crainte de trop le mettre en valeur. Les ménagements, les égards du duc de Broglie sont bien récompensés ! C’est d’ailleurs toujours ainsi que les timidités se payent en politique. M. Émile Bourgeois a eu beau jeu à renverser la situation. Il va jusqu’à faire grief au duc de Broglie de n’avoir pas dit « un mot des éloges très accentués de la femme du prince impérial pour M. Thiers, du plaisir de M. de Bis-