Page:Bainville - Heur et Malheur des Français.djvu/318

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avant de mourir, il partagea ses États entre ses deux fils, Carloman et Pépin. Mais tout devait réussir aux d’Héristal. Pépin et Carloman, par miracle, furent d’accord. Les vieux partis avaient relevé la tête, des troubles avaient éclaté. Les deux frères tirèrent d’un cloître le dernier rejeton des Mérovingiens pour se couvrir de la légitimité. Ils soumirent les rebelles. Cela fait, Carloman eut le bon esprit d’abdiquer et de laisser le pouvoir à son frère, l’énergique Pépin. Les derniers obstacles étaient franchis : la dynastie carolingienne n’avait plus qu’à succéder à l’ombre mérovingienne. L’état de fait fut consacré, non seulement par le consentement des grands et de la nation, mais par une consultation du pape qui fut d’avis que le vrai roi était celui qui exerçait le pouvoir : Zacharie récompensait le service rendu à Grégoire III par le père de Pépin.

Le changement de dynastie se fit sans secousses (752). Il avait été admirablement amené. Toutes les précautions avaient été prises. Le dernier Mérovingien avait disparu, l’opinion publique approuvait. La consécration du Saint-Siège, le « sacre », rendait la nouvelle dynastie indiscutable et créait une autre légitimité. La substitution fut si naturelle qu’elle passa presque inaperçue. Le maire du palais était devenu roi. L’autorité était rétablie, le pouvoir puissant. Une ère nouvelle s’était ouverte, celle des descendants de Charles Martel, les Carolingiens.