Page:Bainville - Heur et Malheur des Français.djvu/474

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cette combinaison réussit, que l’Angleterre, affaiblie par ses luttes intérieures, fut dans nos intérêts et méconnut les siens. Les difficultés commencèrent à partir du jour où l’Angleterre et la Hollande se réunirent et où Guillaume d’Orange ayant commencé par renverser la République hollandaise, renversa aussi les Stuarts, prit le trône de son beau-père Jacques II et devint roi d’Angleterre en 1689.

Après cette révolution, la fortune de Louis XIV changea. L’Angleterre deviendra notre principale ennemie, l’âme des coalitions qui s’opposeront au développement de la France sur la mer comme sur le continent. On comprend que Louis XIV se soit intéressé à la cause des Stuarts autant que sa mère et Mazarin avaient été indifférents à la mort de Charles Ier, il ne cherchait qu’à « annuler » l’Angleterre. Cette politique, qui réussit pendant vingt-cinq ans, permit à Louis XIV de poursuivre l’œuvre de Richelieu, d’effacer les plus graves effets, toujours présents, du mariage de Maximilien et de Marie de Bourgogne, et de donner à la France les territoires et la couverture qui, au nord et à l’est, lui manquaient cruellement. Après cela, Louis XIV devra défendre ses conquêtes. On peut dire que son histoire a deux parties distinctes et comme deux versants : avant et après la chute de Jacques II.

Ces brèves explications permettent de suivre plus aisément les cours des guerres, qui eurent l’acquisition de la Flandre pour point de départ, jusqu’à l’affaire de la succession d’Espagne, qui remplit la fin du règne. Si l’on blâme chez Louis XIV le goût des conquêtes, si on lui reproche son ambition, alors il faut trouver les premiers Capétiens ambitieux parce qu’ils ont voulu s’avancer au-delà de Dreux et d’Étampes. Si l’on estime que Louis XIV a voulu aller trop loin, il faudrait dire à quels signes se fussent reconnues les limites auxquelles il devait s’arrêter. L’objet essentiel étant de protéger la France contre les invasions, de lui donner une ceinture solide, il était aussi rationnel d’avoir Mons, Namur et Maëstricht, que les places de l’Escaut et de la Sambre, Valenciennes ou Maubeuge, qui mettent à l’abri la vallée de l’Oise. Ce qu’on appelle les conquêtes de Louis XIV partait d’un plan stratégique et de sécurité nationale. Elles étaient en harmonie avec le système de Vauban et pour ainsi dire dictées par lui. Nous ne nous