Page:Bainville - Heur et Malheur des Français.djvu/93

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« garantie » que le traité de 1648 réservait à la Couronne de France et qui n’était ni aussi « insuffisamment défini » ni aussi inefficace qu’on l’a dit, puisqu’en 1779, à Teschen, l’intervention de notre pays brisait net un retour offensif de Frédéric II en Allemagne. Tout au bord de la Révolution, les magistrales instructions du baron de Breteuil, notre ambassadeur à Vienne, celles du comte d’Esterno, plénipotentiaire à Berlin, manifestent la clarté et la solidité des vues que la monarchie française jetait sur les affaires allemandes. L’alliance autrichienne, on la tient dans le conditionnel et le relatif. Ce qui est, ce qui demeure absolu, c’est le principe que nul ne doit dominer en Allemagne et que le roi de France reste le protecteur des libertés germaniques. C’est sur cette base immuable qu’a été conclue l’Alliance avec l’Autriche. Car il ne doit pas être permis à l’Autriche, même alliée, plus qu’il ne l’est à la Prusse, de rien faire qui tende à abolir ni à ébranler les principes posés par le traité de Westphalie. Ce traité est éternel comme l’est aussi la garantie de la France, « un des moyens les plus efficaces qu’elle ait pu employer pour contenir l’ambition et l’inquiétude des grandes puissances de l’Allemagne ». Cette ambition, cette « inquiétude », — ainsi appelait-on le délire des Germains, le furor teutonicus, — ne connurent plus d’obstacle à partir du jour, où, par la Révolution, les barrières des traités de Westphalie furent abattues.

C’était le travail de plusieurs siècles qui allait être gâché. C’était une période nouvelle, une période de régression, qui s’ouvrait pour la France et pour le monde européen.