CHAPITRE VI
LE JEU DE TRENTE-DEUX CARTES
Ainsi, entre la France et l’Allemagne, notre victoire a renversé les situations sans que le dialogue tragique ait cessé. Et le tour que prendra ce dialogue déjà violent sera soumis à toutes les circonstances internes et externes. Comme avant 1914, ce qui se passera au dedans et au dehors des deux États agira sur leurs relations, qui resteront l’élément essentiel de la politique continentale et par rapport auxquelles s’ordonneront encore alliances, intérêts, rivalités et conflits. Une grande Allemagne seulement blessée, attachée par des liens qui sont fragiles et qu’elle supportera plus mal d’année en année, une grande Allemagne toujours poussée à nuire au pays qui, après avoir été pendant la guerre son principal ennemi, est devenu son créancier principal : voilà ce qui dominera, et de très haut, toute l’Europe.
Quelle Europe ? Sans doute la carte et la physionomie du vieux monde ont éte renouvelées au point d’en être méconnaissables en quelques parties. Mais où ont eu lieu les plus sérieuses