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FAUTE DES CHOSES ET FAUTE DES HOMMES

tudes sont toujours faibles quand il s’agit de savoir comment tourneront définitivement les choses. Elles sont déjà plus sérieuses quand il s’agit de discerner le cours que les choses prendront. En 1871, à la fondation de l’unité allemande, les Anglais (il y en a eu beaucoup), qui s’étaient félicités qu’un grand Empire fût placé désormais entre la France et la Russie, parce que ce serait un gage de sécurité pour eux pour l’Europe, ces Anglais-là se sont évidemment­ trompés. Il était facile de le leur dire. Pourtant, au Congrès de Berlin, ce calcul ne parut pas faux et il fallut attendre encore plus de vingt ans pour que le vice en fût senti par les intéressés. Lorsque Bismarck, après avoir longtemps délibéré avec lui-même, opta pour l’alliance autrichienne et s’éloigna de la Russie, il aperçut le risque de l’opération. Il avertit ses successeurs qu’en aucun cas l’Allemagne ne devrait se lancer dans une guerre et s’ex­poser au danger des coalitions pour un prétexte autrichien, Il montrait justement l’obstacle sur lequel Guillaume II est allé donner. Ce sont deux cas entre mille des erreurs de l’impré­voyance et des limites de la prévoyance.

Les pronostics les plus remarquables qui aient été retenus par l’histoire reposaient sur des données très simples, on peut même dire triviales, à la portée des hommes les plus ordi­naires. Celui de Thiers au moment de Sadowa est resté le modèle du genre. Thiers partait d’une idée qu’un épicier eût eue à sa place si,

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