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CE QUI A SAUVÉ L’UNITÉ ALLEMANDE

qui ont précédé celui de M. Clemenceau n’avait inscrit, même dans ses documents secrets, la division de l’Allemagne au nombre de nos buts de guerre. Cependant il en avait été question au cours de conversations particulières avec l’empereur Nicolas II, qui acceptait parfaitement cette idée. Preuve qu’elle était capable de déter­miner des adhésions, car elle n’était pas dans les traditions de la cour de Russie qui, au moins depuis la guerre de Crimée, ne s’était jamais opposée aux progrès de l’unité allemande et ne l’avait pas contestée en 1871. Mais M. André Tardieu a raison. Il n’y avait eu en ce sens, pendant la guerre, que des tentatives isolées, des rayons de lumière fugitifs. Ni en 1916, au moment où les principaux alliés avaient conclu leurs accords en vue de la victoire, ni en 1917, lorsqu’en réponse à l’offre de paix de l’Allemagne ils avaient défini leurs buts de guerre, il n’avait été question de ramener l’Allemagne à l’état fédératif. Les accords de 1916 plaçaient même la rive gauche du Rhin sous notre influence sans prendre garde que le reste des pays allemands demeurerait centralisé sous la direction de la Prusse, en sorte que cette combinaison avait les mêmes défauts que celles de Napoléon III.

Tout ce que M. André Tardieu a réussi à prou­ver, c’est que l’État français, pendant la guerre, n’a eu ni doctrines ni principes sur les affaires d’Allemagne. L’orateur qui, à la Chambre, eût parlé des traités de Westphalie, n’eût pas eu