Page:Baju - L’École décadente, 1887.djvu/23

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qu’elles ne reposent sur rien. Comme elles n’ont de cause que dans l’individu même, la Critique ne peut leur faire subir aucune atteinte et elles durent autant que l’homme dont elles auréolent la tête.

Ce n’est pas à dire qu’il n’ait rien fait il est un des fondateurs du Décadent. Comme Socrate il n’a rien écrit, mais comme Socrate il a pensé. Qu’importe s’il n’a rien produit, si sa pensée féconde a guidé nos collaborateurs et les a soutenus contre les défaillances aux heures terribles de la lutte ?

Sa collaboration se réduit à trois ou quatre articles d’esthétique ou pièces de vers. Il aurait voulu produire davantage, mais son incurable mépris de l’écriture l’empêchait de prendre la plume.

Quand il nous avait promis un article, dans la crainte qu’on ne le forçât à s’exécuter immédiatement, il se gardait bien de se présenter à nos bureaux avant que le numéro de la semaine ne fut paru et qu’il ne l’eut vu étalé sur les boulevards.

Athée et fanatique de la religion, M. du Plessys, selon sa pittoresque expression, n’est apte qu’à ne rien faire. L’humanité lui fait pitié. Son âme paternelle a des aspirations vers le Néant et rêve de cataclysmes qui, détruisant l’univers, aboliraient la souffrance.

Comme Socrate, il aime le Beau : Où est le Beau est le Bien, dit-il, et il a raison. Si le Beau n’est pas toujours le Bien, il est rare qu’il n’y confine pas par une de ses parties.

M. du Plessys prend de sa personne un soin presque féminin. Svelte et mince, il a dans ses mouvements la souplesse ondoyante du serpent. Passionné pour le vernis et le velours, il apporte dans l’agencement de sa toilette un soin si minutieux qu’on dirait un petit monument qui marche.