Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/208

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volonté quand même, il en résulte que, dans une législation dictée par les Dieux, il ne peut y avoir de place pour la liberté. Nous abandonnons donc la constitution, d’ailleurs très historique, de l’État par l’intervention, soit directe, soit indirecte, de la toute-puissance divine, en nous promettant d’y revenir plus tard, et nous retournons à l’examen de l’État libre fondé sur le libre contrat. Arrivés d’ailleurs à la conviction de ne pouvoir nous expliquer, en aucune manière, le fait contradictoire en lui-même d’une législation émanée du génie d’un seul homme et unanimement acclamée, librement acceptée par tout un peuple sauvage, sans que le législateur ait eu besoin de recourir soit à la force brutale, soit à quelque divine supercherie, nous voulons bien admettre ce miracle, et nous demandons maintenant l’explication d’un autre miracle non moins difficile à comprendre que le premier : le nouveau code de morale et de lois, une fois proclamé et unanimement accepté, comment passe-t-il dans la pratique, dans la vie ? Qui veille à son exécution ?

Peut-on admettre, qu’après cette acceptation unanime, tous ou seulement la majorité des sauvages composant une société primitive et qui, avant que la nouvelle législation n’eut été proclamée, avaient été plongés dans la plus profonde anarchie, se fussent tout d’un coup et à un tel point transformés par le seul