Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/115

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nel, et où il ne soit forcé d’obéir à des commandements partis d’en haut, et dont pour la plupart du temps il ne sait ni la raison, ni l’objet ?

La plus grande partie des affaires et des lois, et beaucoup d’affaires et de lois importantes, qui ont un rapport direct avec le bien-être, avec les intérêts matériels des communes, se font par-dessus la tête du peuple, sans que le peuple s’en aperçoive, s’en soucie et s’en mêle. On le compromet, on le lie, on le ruine quelquefois, sans qu’il en ait la conscience. Il n’a ni l’habitude, ni le temps nécessaire pour étudier tout cela, et il laisse faire ses élus, qui naturellement servent les intérêts de leur classe, de leur monde à eux, non les siens, et dont le plus grand art consiste à lui présenter leurs mesures et leurs lois sous l’aspect le plus anodin et le plus populaire. Le système de la représentation démocratique est celui de l’hypocrisie et du mensonge perpétuels. Il a besoin de la sottise du peuple, et il fonde tous ses triomphes sur elle.

Tout indifférentes et toutes patientes que se montrent |27 les populations de nos cantons, elles ont pourtant certaines idées, certains instincts de liberté, d’indépendance et de justice auxquels il n’est pas bon de toucher, et qu’un gouvernement habile se gardera bien de froisser. Lorsque le sentiment populaire se sent attaqué sur ces points qui constituent pour ainsi dire le sanctum sanctorum et toute la conscience politique de la nation suisse, alors il se réveille de son habituelle torpeur et il se révolte, et,