Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/122

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nale, à notre droit national, et même à notre indépendance nationale, le peuple suisse a-t-il été consulté ? Et s’il avait été consulté, aurait-il donné son consentement à des mesures aussi contraires à toutes nos traditions de liberté et d’hospitalité que désastreuses pour notre honneur ? Certainement non. Comment se fait-il donc que dans un pays qui s’appelle une république démocratique et qui est censé se gouverner lui-même, de pareilles mesures aient pu être commandées par le pouvoir fédéral et exécutées par nos polices cantonales ?

C’est la faute de la presse, dira-t-on, de la presse qui n’a d’autre mission que d’appeler l’attention du peuple suisse sur toutes les questions qui peuvent intéresser ou son bien-être, ou sa liberté, ou son indépendance nationale, et qui dans toutes ces affaires n’a pas rempli son devoir. C’est vrai, la conduite de la presse a été déplorable. Mais quelle en est la cause ? C’est que toute la presse suisse, aristocratique ou radicale, est une presse |32 bourgeoise, et que, si l’on excepte quelques feuilles rédigées par des sociétés ouvrières, il n’existe pas encore chez nous de presse proprement populaire. Il y eut un temps où la presse radicale était fière de représenter les aspirations du peuple. Ce temps est bien passé. La presse radicale, aussi bien que le parti dont elle porte le nom, ne représente plus aujourd’hui que l’ambition individuelle de ses chefs qui voudraient occuper des fonctions et des places déjà prises, d’après le dicton : « Ôte-toi de là pour que je m’y mette ». Au reste, depuis bien des années, le radicalisme a renoncé à