Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/173

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mais qui au contraire, s’en servirait pour faire triompher la révolution.

En dehors du moyen que je propose, il n’en existe qu’un seul : le terrorisme des villes contre les campagnes. Or, je l’ai dit, et je ne puis trop le répéter : ceux qui se serviront d’un moyen semblable tueront la révolution au lieu de la faire triompher ; il faut absolument renoncer à cette vieille arme de la terreur, de la violence organisée par l’État, arme empruntée à l’arsenal du jacobinisme ; elle n’aboutirait qu’à rejeter dans le camp de la réaction les dix millions de paysans français.

Heureusement — je dis heureusement — les défaites de la France ne lui permettent pas de songer un seul moment au terrorisme, au despotisme de l’État révolutionnaire. Et sans cela, il est plus que probable que beaucoup de socialistes, imbus des préjugés jacobins, auraient voulu essayer de la force pour imposer leur programme. Ils auraient, par exemple, convoqué une Convention composée des députés des villes : cette Convention aurait voulu imposer par décret le collectivisme aux campagnes ; les campagnes se seraient soulevées, et pour les réduire, il aurait fallu recourir à une immense force armée. Cette armée, forcément soumise à la discipline militaire, aurait eu des généraux, probablement ambitieux ; — et voilà toute la machine de l’État se reconstituant pièce à pièce. La machine reconstituée, ils auraient bientôt eu le machiniste, le dictateur, l’empereur. Tout cela leur serait infailliblement arrivé,