Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/230

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la dernière bataille du 18 août, à Gravelotte, a été pour les Français une affaire désastreuse. Vaincus, découragés, abattus, mal organisés, mal administrés et mal commandés (car toute l’énergie de Bazaine n’a pu défaire en quelques jours le mal que le gouvernement de Napoléon a fait pendant vingt ans, — des administrateurs voleurs et incapables, des officiers braves mais ignorants, des colonels courtisans, ne peuvent pas être subitement remplacés par d’autres, d’autant plus qu’on ne saurait où prendre ces autres), commençant à souffrir déjà de la faim, car il n’y a pas de doute que toute l’armée enfermée à Metz se trouve déjà réduite à la portion congrue, les cent mille [hommes] de Bazaine se trouvent en présence de deux cent cinquante mille Allemands tous repus du pillage de la Lorraine et de l’Alsace et des immenses approvisionnements de toutes sortes qu’ils ont enlevés aux trois corps de Frossard, |18 de Du Failly et de Mac-Mahon (ils ont enlevé à ce dernier jusqu’à sa chancellerie, son trésor, et son portefeuille), imposant des millions de contributions en argent et des contributions immenses en provisions de toutes sortes aux habitants des villes ouvertes ; — encouragés, exaltés autant par ce pillage que par leurs victoires, les Allemands au contraire sont dans une disposition excellente. Ils sont commandés par des officiers excellents, savants, consciencieux, intelligents, aguerris, et dans lesquels la science et l’intelligence militaire s’unissent à un dévouement et à une discipline d’esclaves vis-à-vis de leur chef couronné. Ils marchent en avant comme des esclaves exaltés, consciencieux et fiers de leur esclavage, opposant à la brutalité ignorante des officiers français leur brutalité intelligente et savante. Ils sont commandés par des généraux également intelligents, et dont deux surtout,