Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/284

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je me suis servi, pour le prouver, dans cette longue lettre.

Si Gambetta, que je prends ici comme la personnification du parti Jacobin, si Gambetta triomphe, même dans les circonstances les plus favorables pour lui, il ne pourra :

ni réformer constitutionnellement le système de l’administration actuelle ;

ni en changer complètement, ni même d’une manière sensible et quelque peu efficace, le personnel, |35 la réforme constitutionnelle du système ne pouvant se faire que par une Constituante quelconque, et ne pouvant être terminée pas même en quelques semaines. Il n’est pas besoin de prouver que la convocation d’une Constituante est impossible, et qu’on n’a pas seulement une semaine, un jour à perdre. Quant au changement du personnel, pour l’effectuer d’une manière sérieuse, il faudrait pouvoir trouver en peu de jours 100.000 fonctionnaires nouveaux, avec la certitude que ces nouveaux fonctionnaires seront plus intelligents, plus énergiques, plus honnêtes et plus dévoués que les fonctionnaires actuels. Il suffit d’annoncer cette exigence, ce besoin, pour faire voir que leur réalisation est impossible.

Donc, il ne restera à Gambetta que deux partis à prendre :

ou bien, de se résigner à se servir de cette administration essentiellement bonapartiste et qui sera une arme empoisonnée contre lui-même et contre la France, en ses mains, — ce qui équivaut, dans les circonstances présentes, à la ruine totale, à l’asservissement, à l’anéantissement de la France ;

ou bien, de briser tout-à-fait cette machine administrative et gouvernementale, sans même tenter de la