Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/320

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trouvaient, se reproduisaient sur tous les points de la république. Et pourtant la France a repoussé victorieusement l’invasion de presque |65 toutes les puissances de l’Europe. En 1870, la France unie et pacifiée à (sic) l’Empire est battue par les armées de l’Allemagne et se montre tellement démoralisée qu’on doit trembler pour son existence. Pour renverser ces deux preuves historiques, vous pourriez sans doute me citer l’exemple de la Prusse et de l’Allemagne actuelles, qui ne sont déchirées, ni l’une ni l’autre, par aucune guerre civile, qui se montrent au contraire singulièrement résignées et soumises au despotisme de leur souverain, et qui néanmoins développent aujourd’hui une puissance formidable. Mais ce fait exceptionnel s’explique par deux raisons particulières, dont aucune ne peut s’appliquer à la France actuelle : la première, c’est la passion unitaire qui depuis cinquante-cinq ans ne fait que croître au détriment de toutes les autres passions et de toutes les autres idées dans cette malheureuse nation germanique. La seconde c’est la savante perfection de son mécanisme administratif. Quant à la passion unitaire, quant à cette ambition inhumaine et liberticide de devenir une grande nation, la première nation du monde, la France l’a éprouvée également dans son temps. Cette passion, pareille à ces fièvres furieuses qui donnent momentanément au malade une force extraordinaire, surhumaine, sauf à l’épuiser totalement et à le faire [tomber] bientôt après dans une prostration complète, — cette passion, après avoir grandi la France pour un espace de temps très court, l’a fait aboutir à une catastrophe dont elle s’est relevée si peu même encore aujourd’hui, 55 ans après la bataille de Waterloo, que ses malheurs présents ne sont rien selon moi qu’une rechute, qu’une répétition de cette