Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/362

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ci-devant empereur : une vassale de Sa Majesté l’empereur d’Allemagne. Est-il possible de tomber plus bas ?

Lyon seul peut lui épargner cette chute et cette mort honteuse. Mais pour cela il faudrait que Lyon se réveille, qu’il agisse, sans perdre un jour, un instant. Les Prussiens, malheureusement, n’en perdent plus. Ils ont désappris le dormir : systématiques comme le sont toujours les Allemands, suivant, avec une désespérante précision, leurs plans savamment combinés, et joignant, à cette antique qualité de leur race, une rapidité de mouvements qu’on avait considérée jusque-là comme l’apanage exclusif des troupes françaises, ils s’avancent résolument, et plus menaçants que jamais, au cœur même de la France. Ils marchent sur Lyon. Et que fait Lyon pour se défendre ? Rien.

Et pourtant, depuis que la France existe, jamais elle ne s’est trouvée dans une situation plus désespérée, plus terrible. Toutes ses armées sont détruites. La plus grande partie de son matériel de guerre, grâce à l’honnêteté du gouvernement et de l’administration impériale, n’a jamais existé que sur le papier, et le reste, grâce à leur prudence, a été si bien enfoui dans les forteresses de Metz et de Strasbourg, qu’il servira probablement beaucoup plus à l’armement de l’invasion prussienne qu’à celui de la défense nationale. Cette dernière, sur tous les points de la France, manque aujourd’hui de canons, de munitions, de fusils, et, ce qui est pis encore, elle manque