Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/413

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vorables à ces mêmes Prussiens contre cette même République, aujourd’hui ? Ah ! c’est que, pour eux, ce n’est plus la même République. La République fondée par la Convention nationale, le 22 septembre 1792, était une République éminemment populaire et révolutionnaire. Elle avait offert au peuple un intérêt immense, ou, comme dit Michelet, respectable. Par la confiscation en masse des biens de l’Église d’abord, et plus tard de la noblesse émigrée ou révoltée, ou soupçonnée et décapitée, elle lui avait donné la terre, et pour rendre la restitution de cette terre à ses anciens propriétaires impossible, le peuple s’était levé en masse. — Tandis que la République actuelle, nullement populaire, mais au contraire pleine d’hostilité et de défiance contre le peuple, République d’avocats, d’impertinents doctrinaires, et bourgeoise s’il en fut, ne lui offre rien que des phrases, un surcroît d’impôts et des risques, sans la moindre compensation matérielle.

Le paysan, lui aussi, ne croit pas en cette république, mais par une autre raison que les bourgeois. Il n’y croit pas précisément parce qu’il la trouve trop bourgeoise, trop favorable aux intérêts de la bourgeoisie, et il nourrit au fond de son cœur contre les bourgeois une haine sournoise, qui, pour se manifester sous une forme différente, n’est pas moins intense que la haine des ouvriers des villes contre cette classe devenue aujourd’hui si peu respectable.

Les paysans, l’immense majorité des paysans au moins, ne l’oublions jamais, quoique devenus pro-