Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/427

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cielle et officieuse, aux fonctionnaires militaires et civils, communaux, et départementaux, à tous les électeurs dévoués ainsi qu’à tous les députés bonapartistes. La bande de brigands, d’abord pas trop nombreuse, mais grossissant chaque année davantage, attirant dans son sein, par le lucre, tous les éléments pervertis et pourris, puis les y retenant par la solidarité de l’infamie et du crime, avait fini par couvrir toute la France, l’enlaçant de ses anneaux, comme un immense reptile.

Voilà ce qu’on appelle le parti bonapartiste. S’il y eut jamais un parti criminel et fatal à la France, ce fut celui-là. Il n’a pas seulement violé sa liberté, |58 dégradé son caractère, corrompu sa conscience, avili son intelligence, déshonoré son nom ; il a détruit, par un pillage effréné, exercé pendant dix-huit ans de suite, sa fortune et ses forces, puis l’a livrée, désorganisée, à la conquête des Prussiens. Au |50 jourd’hui encore, alors qu’on aurait dû le croire déchiré de remords, mort de honte, anéanti sous le poids de son infamie, écrasé par le mépris universel, après quelques jours d’inaction apparente et de silence, il relève la tête, il ose parler de nouveau, et il conspire ouvertement contre la France, en faveur de l’infâme Bonaparte, désormais l’allié et le protégé des Prussiens.

Ce silence et cette inaction de courte durée avaient été causés non par le repentir, mais uniquement par la peur atroce que lui avait causée la première explosion de l’indignation populaire. Dans les premiers