Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/68

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dant quinze jours les soins affectueux de ses vieux amis Vogt et Reichel. Dans un de ses derniers entretiens, qui ont été notés par Reichel, parlant de Schopenhauer (le 15), il fit cette remarque, que « toute notre philosophie part d’une base fausse : c’est qu’elle commence toujours en considérant l’homme comme individu, et non pas, ainsi qu’il le faudrait, comme un être appartenant à une collectivité : de là la plupart des erreurs philosophiques, qui aboutissent soit à la conception d’un bonheur dans les nuages, soit à un pessimisme comme celui de Schopenhauer et de Hartmann ». Le 21, il dit à son ami, qui exprimait le regret que Bakounine n’eût jamais trouvé le temps d’écrire ses mémoires : « Et pour qui voudrais-tu que je les eusse écrits ? Il ne vaut pas la peine d’ouvrir la bouche. Aujourd’hui, les peuples de tous les pays ont perdu l’instinct de la révolution… Non, si je retrouve encore un peu de santé, je voudrais plutôt écrire une éthique basée sur les principes du collectivisme, sans phrases philosophiques ou religieuses. » Il expira le 1er juillet, à midi.

Le 3 juillet, des socialistes, venus des diverses parties de la Suisse, arrivaient à Berne pour rendre les derniers devoirs à Michel Bakounine. Des discours furent prononcés, sur la tombe par quelques-uns de ses amis de la Fédération jurassienne :