Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/100

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toire moderne, cette vérité incontestable, mais très peu chrétienne, que la richesse et la puissance, l’exploitation économique et l’oppression politique des masses, sont les deux termes inséparables du règne de l’idéalité divine sur la terre : la richesse consolidant et augmentant la puissance, la puissance découvrant et créant toujours de nouvelles sources de richesses, et toutes les deux assurant, mieux que le martyre et la foi des apôtres, et mieux que la grâce divine, le succès de la propagande chrétienne. C’est une vérité historique que les Églises protestantes ne méconnaissent pas non plus. Je parle naturellement des Églises indépendantes de l’Angleterre, de l’Amérique et de la Suisse, non des Églises asservies de l’Allemagne. Celles-là n’ont point d’initiative propre ; elles font ce que leurs maîtres, leurs souverains temporels, qui sont en même temps leurs chefs spirituels, leur ordonnent de faire. On sait que la propagande protestante, celle de l’Angleterre et de l’Amérique surtout, se rattache d’une manière très étroite à la propagande des intérêts matériels, commerciaux, de ces deux grandes nations ; et l’on sait aussi que cette dernière propagande n’a point du tout pour objet l’enrichissement et la prospérité matérielle des pays dans lesquels elle pénètre, en compagnie de la parole de Dieu ; mais bien l’exploitation de ces pays, en vue de l’enrichissement et de la prospérité matérielle croissante de certaines classes, très exploitantes à la fois et très pieuses, dans leur propre pays.