Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/126

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bordination, hélas ! trop habituelles encore, des individus vivants aux généralités abstraites ; et qu’en même temps elle nous montre les conditions générales |221 nécessaires à l’émancipation réelle des individus vivant dans la société. Voilà sa mission, voilà aussi ses limites, au-delà desquelles l’action de la science sociale ne saurait être qu’impuissante et funeste. Car au-delà de ces limites commencent les prétentions doctrinaires et gouvernementales de ses représentants patentés, de ses prêtres. Et il est bien temps d’en finir avec tous les papes et les prêtres : nous n’en voulons plus, alors même qu’ils s’appelleraient des démocrates-socialistes.

Encore une fois, l’unique mission de la science, c’est d’éclairer la route. Mais la vie seule, délivrée de toutes les entraves gouvernementales et doctrinaires et rendue à la plénitude de son action spontanée, peut créer.

Comment résoudre cette antinomie ?

D’un côté la science est indispensable à l’organisation rationnelle de la société ; d’un autre côté, incapable de s’intéresser à ce qui est réel et vivant, elle ne doit pas se mêler de l’organisation réelle ou pratique de la société.

Cette contradiction ne peut être résolue que d’une seule manière : la liquidation de la science comme être moral existant en dehors de la vie sociale de tout le monde, et représenté, comme tel, par un corps de savants patentés, et sa diffusion dans les masses populaires. La science, étant appelée