Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/144

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siècle de l’ère chrétienne déjà, époque du premier concile, nous trouvons l’idée d’un Dieu personnel, Esprit pur, éternel, absolu, créateur et maître suprême du monde, existant en dehors du monde, unanimement acceptée par tous les pères de l’Église ; et comme conséquence logique de cette absurdité absolue, la croyance dès lors naturelle et nécessaire |236 à l’immatérialité et à l’immortalité de l’âme humaine, logée et emprisonnée dans un corps mortel, mais mortel seulement en partie ; parce que dans ce corps lui-même il y a une partie qui, tout en étant corporelle, est immortelle comme l’âme et doit ressusciter comme l’âme. Tant il a été difficile, même à des pères de l’Église, de se représenter l’esprit pur en dehors de toute forme corporelle !

Il faut observer qu’en général le caractère de tout raisonnement théologique, et métaphysique aussi, c’est de chercher à expliquer une absurdité par une autre.

Il a été fort heureux pour le christianisme d’avoir rencontré le monde des esclaves. Il eut un autre bonheur : ce fut l’invasion des barbares. Les barbares étaient de braves gens, pleins de force naturelle, et surtout animés et poussés par un grand besoin et par une grande capacité de vivre ; des brigands à toute épreuve, capables de tout dévaster et de tout avaler, de même que leurs successeurs, les Allemands actuels ; beaucoup moins systématiques et pédants dans leur brigandage que ces derniers, beaucoup moins moraux, moins savants ; mais, par contre,