Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/164

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sorte qu’il ne leur reste plus que la peine de les |252 développer et de les expliquer, en leur donnant désormais pour sanction et pour base, non plus quelque tradition merveilleuse, mais le propre développement logique de la pensée humaine.

C’est en cela seulement que les métaphysiciens se séparent des théologiens. Toute la différence qui existe entre eux est dans la forme, non dans le fond. Leur objet est le même : c’est Dieu, ce sont les vérités éternelles, les principes divins, c’est l’ordre religieux, politique et civil, divinement établi et s’imposant aux hommes avec une autorité absolue. Mais les théologiens (beaucoup plus conséquents, selon moi, que les métaphysiciens) prétendent que les hommes ne peuvent s’élever à la connaissance de Dieu que par la voie d’une révélation surnaturelle ; tandis que les métaphysiciens assurent qu’ils peuvent concevoir Dieu et toutes les vérités éternelles par la seule puissance de la pensée, qui est, répètent-ils toujours, la révélation à la fois naturelle ( !) et permanente de Dieu dans l’homme.

(Pour nous, naturellement, les uns sont aussi absurdes que les autres, et nous préférons même, en fait d’absurdités, celles qui le sont franchement, à celles qui se donnent des apparences de respect pour la raison humaine.)

10) De cette opposition de forme est issue la grande lutte historique de la métaphysique contre la théologie. Cette lutte, qui était, d’un côté, légitime et bienfaisante, n’a pas manqué, d’un autre, d’avoir