Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/167

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tales, ces axiomes philosophiques sont : l’existence de Dieu, l’immortalité de l’âme, le libre-arbitre. Il ne peut, il ne doit plus être question d’en contester la réalité, parce que, comme l’a si bien démontré Descartes, cette réalité nous est donnée, nous est imposée par le fait même que nous trouvons toutes ces idées dans la conscience que notre pensée a d’elle-même. Tout ce que nous avons à faire, c’est de les comprendre, c’est de les développer en les coordonnant dans un système organique. Tel est l’unique objet de la philosophie.

Et cet objet vient d’être enfin complètement réalisé par le système de M. Victor Cousin. Désormais le penseur adorera Dieu en esprit, et il pourra même se dispenser de tout autre culte. Il a parfaitement le droit de ne point aller à l’église, à |255 moins qu’il ne trouve utile d’y aller pour sa femme, pour ses filles et pour les gens. Mais qu’il y aille ou qu’il n’y aille pas, il respectera toujours l’institution et même le culte de l’Église, quelque surannées que puissent lui en paraître les formes : d’abord, parce que même ces formes, et les fausses idées qu’elles provoquent en partie dans les masses, sont probablement encore nécessaires, dans l’état d’ignorance où se trouve encore le peuple, et qu’en les attaquant brusquement on courrait le risque d’ébranler des croyances qui, dans la situation en général assez malheureuse dans laquelle se trouve le peuple, forment son unique consolation et l’unique entrave morale qui l’enchaîne. Il doit enfin les respecter parce que le Dieu