Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/263

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selon toutes les probabilités, il n’en sera jamais autrement dans le monde animal. L’harmonie s’y établit par la lutte : par le triomphe des uns, par la défaite et par la mort des autres, par la souffrance de tous… Nous ne disons pas, avec les chrétiens, que cette terre est une vallée de douleurs ; il y a des plaisirs aussi, autrement les êtres vivants ne tiendraient pas tant à la vie. Mais nous devons convenir que la Nature n’est pas du tout aussi tendre mère qu’on le dit, et que, pour vivre, pour se conserver en son sein, ils ont besoin d’une singulière énergie, Car dans le monde naturel les forts vivent et les faibles succombent, et les premiers ne vivent que parce que les autres succombent[1]. Telle est la loi |120 suprême du monde animal. Est-il possible que cette loi fatale soit celle du monde humain et social ? »

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Hélas ! La vie tant individuelle que sociale de l’homme n’est d’abord rien que la continuation la plus immédiate de la vie animale. Elle n’est autre chose que cette même vie animale, mais seulement

  1. Ici Bakounine a placé dans son manuscrit, sous la forme d’une note remplissant quatre feuillets supplémentaires marqués A, B, C et D, un long passage emprunte au même article du Progrès. Ce passage, qu’il serait superflu de reproduire ici, s’étend d’un alinéa commençant par les mots «  : Ceux qui admettent l’existence d’un Dieu créateur… », p. 248 de la réimpression au tome Ier des Œuvres, jusqu’à la quatrième ligne de la p. 253 de la réimpression, avec quelques suppressions dans la seconde moitié de la page 252. — J. G.