Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/299

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tant que l’animal n’est pas arrivé à l’âge de sa décroissance naturelle, elle tend nécessairement à se développer et à se |147 fortifier par cet exercice répété qui crée l’habitude, base de tout développement animal ; et plus elle se développe et s’exerce, et plus elle devient dans l’animal une force irrésistible à laquelle il doit obéir.

Il arrive quelquefois que la maladie, ou des circonstances extérieures plus puissantes que cette tendance fatale de l’individu, empêchent l’exercice et le développement d’une ou de plusieurs de ses facultés. Alors les organes correspondants s’atrophient, |148 et tout l’organisme se trouve frappé de souffrance, plus ou moins, selon l’importance de ces facultés et de leurs organes correspondants. L’individu peut en mourir, mais, tant qu’il vit, tant qu’il lui reste encore des facultés, il doit les exercer sous peine de mourir. Donc, il n’en est point le maître du tout, il en est, au |149 contraire, l’agent involontaire, l’esclave. C’est le moteur universel, ou bien la combinaison des causes déterminantes et productrices de l’individu, ses facultés y compris, qui agit en lui et par lui. C’est cette même Causalité universelle, inconsciente, fatale et aveugle, c’est cet ensemble de lois mécaniques, physiques, chimiques, organiques, animales et sociales, qui pousse tous les animaux, y compris l’homme, à l’action, et qui est le vrai, |150 l’unique créateur du monde animal et humain. Apparaissant dans tous les êtres organiques et vivants comme un ensemble de facultés ou de pro-