Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/374

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que de l’essence intime des choses, qui sont autant de manières différentes de poser cette même question de l’existence ou de la non-existence de Dieu.

|204 Les métaphysiciens, on le sait, sont toujours à la recherche de la Cause première, c’est-à-dire d’un Dieu créateur du monde. Les matérialistes disent que cette cause n’a jamais existé. Les positivistes, toujours fidèles à leur système de réticences et d’affirmations équivoques, se contentent de dire que la Cause première ne peut être un objet de la science, que c’est une hypothèse que la science ne peut vérifier. Qui a raison, les matérialistes ou les positivistes ? Sans doute les premiers.

Que fait la Philosophie positive en refusant de se prononcer sur cette question de la Cause première ? Est-ce qu’elle en nie l’existence ? Pas du tout. Elle l’exclut seulement du domaine scientifique, en la déclarant scientifiquement invérifiable : ce qui veut dire, en simple langage humain, que cette Cause première existe peut-être, mais que l’esprit humain est incapable de la concevoir. Les métaphysiciens seront sans doute mécontents de cette déclaration, parce que, différant en cela des théologiens, ils s’imaginent l’avoir reconnue à l’aide des spéculations transcendantes de la pensée pure. Mais les théologiens en seront très contents, car ils ont toujours proclamé que la pensée pure ne peut rien sans l’aide de Dieu, et que pour |205 reconnaître la Cause première, l’acte de la divine création, il faut avoir reçu la grâce divine.