Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/381

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ciens et des théologiens, leur répondaient par cette fin de non-recevoir, et avaient en quelque sorte le droit de le faire, parce que toutes les questions de haute philosophie les intéressaient en réalité fort peu, et les empêchaient seulement de remplir leur mission si utile, qui consistait dans l’étude exclusive des phénomènes réels et des faits. Mais de la part d’un philosophe positiviste qui se donne la mission de fonder tout le système de la science humaine sur des bases inébranlables, et d’en déterminer, une fois pour toutes, les limites infranchissables, de la part d’un ennemi aussi déclaré de toutes les théories métaphysiques, une pareille réponse, une déclaration empreinte au plus haut degré de l’esprit métaphysique, est impardonnable.

Je ne veux point parler de cette substance inaccessible de la matière, parce que la matière elle-même, prise dans cette généralité abstraite, est un fantôme créé par l’esprit humain, comme tant d’autres fantômes, par exemple celui de l’esprit universel, qui n’est ni plus ni moins réel, ni plus ni moins rationnel que la matière universelle. Si, par matière en général, M. Littré entend la totalité des choses existantes, alors je lui dirai que la substance de cette matière est précisément composée de toutes ces choses, ou, s’il veut les décomposer en corps simples, connus et inconnus, je lui dirai que la substance de la matière est composée de l’ensemble total de ces éléments chimiques primitifs et de toutes leurs combinaisons possibles. Mais nous ne connaissons probablement