Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/116

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toute leur compagnie, ne veulent à aucun prix de la révolution sociale. Ils aiment beaucoup leur patrie, qui en doute ? mais ils aiment encore davantage la civilisation bourgeoise, malgré qu’elle se présente aujourd’hui si mesquine et si impuissante entre les deux grandes barbaries qui menacent de l’écraser dans leur lutte : la barbarie du passé, représentée par les baïonnettes prussiennes, et la barbarie populaire portant en ses flancs la régénération sociale du monde.

Nourris dans les traditions et pénétrés de l’esprit de cette civilisation fondée sur le privilège économique et sur l’exploitation du grand nombre par un petit nombre d’heureux, ils ne voient rien au delà. Pour eux, la fin de la civilisation bourgeoise serait la fin du monde, et, plutôt que de la voir renversée et remplacée par ce qu’ils appellent, eux, « la barbarie du socialisme et de la justice populaire », ils consentiraient à sacrifier non seulement la liberté et la République, comme ils l’ont déjà fait en juin 1848, mais la France elle-même, comme ils se préparent évidemment à le faire en 1870.

MM. Gambetta, Jules Favre et compagnie savaient fort bien que s’ils disaient tout ce qu’ils pensaient et savaient sur les actes du ministère Palikao, ils |13 provoqueraient une révolution immédiate à Paris ; ils savaient en même temps, avertis comme ils l’étaient d’ailleurs par toutes les manifestations du peuple de Paris avant le plébiscite, que cette révolution devait être nécessairement, essentiellement