Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/135

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au Corps législatif la permission de sévir contre M. Rochefort, après l’assassinat commis par Pierre Bonaparte, la droite impérialiste vota cette permission avec joie, et, à gauche, les irréconciliables eux-mêmes trouvèrent à peine quelques mots pour la défense d’un collègue dont la popularité toujours croissante leur déplaisait. Cette mauvaise volonté et cette antipathie des irréconciliables à l’égard de M. Rochefort apparurent encore davantage, lorsque, les six mois d’emprisonnement auxquels le député de Belleville avait été condamné étant expirés, M. Grandperret, le ci-devant président de cette Haute-Cour de justice qui avait scandaleusement disculpé l’assassin Pierre Bonaparte, se présentant au Corps législatif comme ministre de la justice et comme membre du cabinet Palikao, affirma le droit du gouvernement de retenir M. Rochefort en prison. Toute la gauche se tut ; le foudroyant orateur de la démocratie rationnelle et positiviste, le député de Marseille, M. Gambetta, se tut aussi. Il n’y eut que ce pauvre invalide de la démocratie républicaine de 1848, M. Crémieux, qui,en sa qualité de ci-devant ministre de la justice |30 dans le gouvernement provisoire de Février, ait cru de son devoir de dire quelques paroles très insignifiantes, très pâles, pour la défense du droit incontestable du député des travailleurs de Belleville.

À la veille d’une crise redoutable, qui, en changeant les destinées de la France, allait faire tomber le pouvoir entre leurs mains, les irréconciliables,