Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/187

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M. Rochefort, dès son entrée au Corps législatif, était devenu l’objet et comme le bouc émissaire de toutes les haines bourgeoises, et celui de la défiance, pour ne pas dire d’une hostilité très prononcée, de la part même de tous ses collègues radicaux et irréconciliables, moins un seul, le digne patriarche des républicains socialistes de 1848, M. Raspail. M. Rochefort avait parfaitement mérité cette réprobation unanime de la classe bourgeoise, non par sa Lanterne, que Messieurs les bourgeois de toutes les couleurs politiques avaient lue au contraire avec beaucoup de plaisir ; car le bourgeois, bien que devenu très servile par intérêt, est resté néanmoins, par tempérament et par mauvaise habitude, très frondeur. Il reconnaît la nécessité d’un pouvoir fort et capable de protéger ses privilèges économiques contre les révoltes de la vile multitude. Il s’incline devant la dictature militaire, reconnaissant, hélas ! qu’elle seule est assez puissante aujourd’hui pour le défendre. Mais en même temps il la déteste du fond de son cœur, parce qu’elle l’offusque dans son libéralisme, dans sa vanité, et parce qu’elle finit toujours par compromettre ses intérêts mêmes, au nom et pour la défense desquels elle existe ; toute dictature militaire devant nécessairement aboutir à la guerre.

|76 L’idéal des bourgeois reste invariablement toujours et partout le même : c’est le système représentatif libéral, constitué en monarchie parlementaire ou même en République fédérale, comme aux