Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/205

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portante, en général, de ces frais ; de là cette tendance obstinée de tous les fabricants et patrons du monde à diminuer le taux des salaires, et malheureusement trop souvent l’ouvrier se voit forcé d’accepter cette diminution, sous peine de se voir condamner à la faim avec toute sa famille, alors même que son salaire primitif était à peine suffisant pour les habiller et nourrir.

|91 Dans l’organisation économique de la société actuelle, le travail humain est considéré comme une marchandise dont la valeur est subordonnée à la loi générale de l’offre et de la demande. Et, dans la plupart des cas, la population croissant toujours et avec elle la misère, l’offre de cette marchandise surpasse la demande. Pressés par la faim, les malheureux ouvriers sont forcés de se faire concurrence l’un à l’autre, diminuant quelquefois jusqu’aux limites de l’impossible le prix de leur travail épuisant, assommant.

Par moments il arrive qu’une industrie est prospère. Ses produits sont très demandés. Alors elle augmente sa production et réclame un plus grand nombre d’ouvriers, qu’elle attire par l’augmentation du salaire. C’est un moment de prospérité relative pour les pauvres ouvriers. Mais, hélas ! un moment bien court, car, la hausse du salaire attirant toujours de nouveaux ouvriers, arrive bien vite l’heure fatale où l’offre du travail en dépasse la demande, et alors, le taux du salaire commençant à baisser, il finit par retomber quelquefois même au-dessous de son niveau précédent.