Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/222

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vailleurs et aux bourgeois une conciliation impossible. Les ouvriers et les bourgeois n’y croient pas et n’en veulent pas.

|104 Chacun de ces deux mondes opposés représente des intérêts réels et sérieux, trop sérieux pour se laisser entraîner, amuser ou endormir par des paroles. L’intérêt de la bourgeoisie, c’est celui de l’exploitation de plus en plus envahissante, de plus en plus dominante, du travail du prolétariat. Elle n’y renoncera jamais de bon gré, parce qu’y renoncer équivaut pour elle à détruire de ses propres mains les bases mêmes de sa fortune et de son existence. Et ne connaît-on pas assez la nature des bourgeois ? ils sacrifieront plutôt leur vie que leur bourse.

L’intérêt des ouvriers est également très sérieux. Il s’agit pour eux de leur émancipation réelle. Ils sont fatigués de travailler pour autrui et de rester misérables en présence et en raison même de toutes ces richesses immenses qu’ils créent, et ils savent qu’ils ne pourront s’émanciper et conquérir les conditions d’une existence humaine qu’en détruisant complètement la domination économique et cette exploitation du capital, qui forment l’unique source de la prospérité des bourgeois. Fatigués d’être enclume toujours, ils veulent détruire le marteau. Il faut être très roué ou bien naïf, vraiment, pour oser dire qu’entre deux intérêts si sérieux et si complètement opposés une conciliation quelconque est possible.