Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/234

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bourgeoisie de 1792 et 1793 avait à un si haut degré, et ce qui manque absolument à la bourgeoisie actuelle, même aux républicains, — il faut avoir l’intelligence, la volonté, l’audace révolutionnaires. Et comment imaginer que les commissaires du gouvernement de la Défense nationale, les subordonnés de Gambetta et compagnie, posséderont ces qualités, lorsque leurs supérieurs, les membres de ce gouvernement, les coryphées du parti républicain, ne les ont pas trouvées en eux-mêmes ?

« En dehors de ces qualités personnelles qui imprimèrent aux hommes de 1793 un caractère vraiment héroïque, l’envoi des commissaires extraordinaires a si bien réussi à la Convention nationale parce qu’étant révolutionnaire, et s’appuyant elle-même à Paris sur les masses populaires, sur la vile multitude, elle avait ordonné à tous ses proconsuls de s’appuyer également, partout et toujours, sur cette même canaille populaire. Les commissaires envoyés par Ledru-Rollin en 1848, et ceux que pourra envoyer aujourd’hui Gambetta, ont fait et feront nécessairement un fiasco complet, par la raison inverse, et les seconds plus que les premiers, parce que cette raison inverse agira encore plus puissamment sur eux qu’elle ne l’a fait sur leurs devanciers de 1848. Cette raison, c’est que les uns ont été et que les autres seront, à un degré plus sensible encore, des bourgeois radicaux, délégués du radicalisme bourgeois et, comme tels, ennemis du socialisme et de la révolution franchement populaire.