Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/327

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puisse opposer à la révolution sociale ; et bien que parfaitement décidée à s’y jeter à plein corps et à en accepter pour elle-même toutes les conséquences, même les plus déplaisantes et les plus humiliantes, — doit se sentir néanmoins considérablement embarrassée et honteuse dans cette position nouvelle. Diable ! il n’est point facile de se défaire en un clin d’œil, et à volonté, de tous les souvenirs, de toutes les pensées qu’on a eues, de toutes les anciennes habitudes ! Avoir été pendant trois siècles, et, si l’on prend en considération la bourgeoisie italienne, pendant sept siècles au moins, la classe intelligente, productive, progressiste, humanitaire et libérale par excellence ; avoir créé toutes les merveilles de la civilisation moderne ; avoir escaladé le ciel et la terre, renversé les autels et les trônes, et fondé sur les ruines des uns, la science, et sur les ruines des autres, la liberté ; avoir rêvé, et réalisé en partie, la transformation du monde ; avoir concentré en ses mains tout : intelligence, savoir, richesse, pouvoir, — et se voir réduite à cette heure à ne plus trouver de refuge, de protection, de salut que dans la sacristie et dans la caserne ! Être forcée maintenant de s’agenouiller devant ces mêmes autels qu’elle avait renversés, de répéter humblement, hypocritement, les horribles et immorales stupidités du catéchisme chrétien, de recevoir la bénédiction et de baiser la main de ces prêtres, prophètes et exploiteurs du mensonge, |28 qu’elle avait si justement méprisés ; se sentir rassurée et consolée, lorsque les