Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/330

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montrée assez compacte, assez forte pour l’enlever aux bourgeois citadins, mais elle n’a ni l’intelligence, ni la science nécessaires pour la retenir en ses mains. Incapable de se diriger elle-même, comment dirigerait-elle le gouvernement d’un grand pays ? Elle n’est elle-même qu’un instrument passif et aveugle entre les |30 mains du clergé. La conclusion est toute simple. Ce seront ses directeurs spirituels, les inspirateurs uniques de toutes ses pensées et de toutes ses actions, ce sera l’intrigue ultramontaine dont elle n’est elle-même que l’instrument aveugle, ce sera l’Église de Rome, en un mot, qui se chargera désormais du gouvernement de la France, et qui, formant une alliance défensive et offensive avec la raison du sabre et la moralité de la bourse, le tiendra en ses mains, jusqu’à l’heure plus ou moins rapprochée où la cause des peuples, celle de l’humanité, représentée par la Révolution sociale, triomphera.

Ce n’est pas du premier coup que la gentilhommerie campagnarde, autrement dite la bourgeoisie rurale, est arrivée à constituer la classe réellement dominante en France. Sa naissance, sous cette forme nouvelle, date du premier Empire. C’est alors que s’était opérée, sur une large échelle, par les mariages, la première fusion de l’ancienne noblesse soit avec les bourgeois acquéreurs de biens nationaux, soit avec les bourgeois parvenus de l’armée. Ce mouvement fut sinon complètement arrêté, du moins considérablement ralenti pendant la Restau-