Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/336

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stible. D’ailleurs la politique de ce roi parvenu, issu d’une révolution, s’était considérablement transformée et avait fini par prendre, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, un caractère franchement rétrograde, tout à fait consolant pour les défenseurs de l’autel et du trône ; car en même temps qu’il brisait son alliance libérale avec l’Angleterre, et s’efforçait de gagner le pardon, l’amnistie, les bonnes grâces des trois puissances despotiques du Nord, en leur prouvant qu’il était animé de sentiments et de tendances non moins despotiques que les leurs, |35 ce qu’il leur démontra en effet en s’alliant avec elles dans l’affaire du Sonderbund[1], le gouvernement de Louis-Philippe fit des efforts inimaginables pour se réconcilier avec l’Église et avec la noblesse de France. En prenant le parti des Jésuites contre les radicaux de la Suisse, il avait fait un grand pas dans cette voie. L’Église lui sourit, et la noblesse de France, toujours obéissante à l’Église, et fatiguée d’ailleurs de se dévouer toujours sans profit et sans espérance de succès à son roi légitime, dont le rétablissement sur le trône de ses pères semblait désormais impossible, condescendit enfin à se laisser gagner par le roi parvenu. Au reste, sa transformation économique et sociale s’était faite avant même que ce marché politique n’eût été conclu. Par

  1. On appelle le Sonderbund la ligue séparatiste des sept cantons suisses qui soutenaient les Jésuites, et qui provoqua en 1847 une guerre civile dans laquelle les « sonderbundiens » eurent l’appui du ministère Guizot. — J. G.