Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/34

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tout et pour tous le droit sacré du travail sur les ruines de toutes les fainéantises privilégiées du monde. Et lorsque les ouvriers, abandonnant le langage prétentieux et scolastique d’un socialisme doctrinaire, inspirés eux-mêmes par la passion révolutionnaire, viendront leur dire simplement, sans détours et sans phrases, ce qu’ils veulent ; lorsqu’ils arriveront dans les campagnes non en précepteurs et en maîtres, mais comme des frères, des égaux, provoquant la révolution, mais ne l’imposant pas aux travailleurs de la terre ; lorsqu’ils mettront le feu à tout le papier timbré, procès, titres de propriété et de rentes, dettes privées, hypothèques, lois criminelles et civiles ; lorsqu’ils allumeront des feux de joie de toute cette paperasse immense, signe et consécration officielle de l’esclavage et de la misère du prolétariat, — alors, soyez-en bien certains, le paysan les comprendra et se lèvera avec eux. Mais pour que les paysans se lèvent, il faut absolument que l’initiative du mouvement révolutionnaire soit prise par les ouvriers des villes, parce que ces ouvriers seuls joignent |89 aujourd’hui, à l’instinct, la conscience éclairée, l’idée, et la volonté réfléchie de la révolution sociale. Donc tout le danger qui menace l’existence des États est uniquement concentré aujourd’hui dans le prolétariat des villes.

Tous les gouvernements de l’Europe le savent bien, et c’est pourquoi, aidés puissamment par la riche bourgeoisie, par la ploutocratie coalisée de tous les pays, ils emploieront tous leurs efforts,