Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/340

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férocité de l’armée française faisant oublier toutes les horreurs commises par les armées de Guillaume Ier sur le territoire de la France ; c’est la turpitude de l’Assemblée de Versailles faisant pardonner toutes les ignominies des Assemblées législatives de Napoléon III ; c’est le fantôme divin, l’antique vampire, le buveur du sang des peuples, le tourmenteur de l’humanité, et qu’aujourd’hui la science et le bon sens populaire ont réduit à l’état de banqueroutier céleste, qui tend encore une fois sa main malfaisante, mais fort heureusement devenue impuissante, pour couvrir de sa protection tous les bourreaux de la terre. L’ordre, c’est un cloaque où toutes les impuretés d’une civilisation que ses propres contradictions, ses propres iniquités, sa propre dissolution et putréfaction condamnent à mourir, viennent se confondre, dans une conspiration dernière contre l’inévitable émancipation du monde humain.

Avons-nous raison de crier : À bas l’ordre ! à bas |40 cet ordre politique, autoritaire, stupide, hypocrite, brutal, despotique et divin ! Et vive la Révolution sociale qui doit nous en délivrer, pour fonder sur ses ruines l’ordre de l’humanité régénérée, rendue à elle-même et constituée librement ?

Il faudrait être un ennemi de l’humanité pour le nier. Malheureusement, ses ennemis sont nombreux, et à cette heure ce sont eux, encore une fois, qui triomphent. Mais tout vient à point à qui sait patienter, persévérer, travailler ardemment, et attendre. Nous aurons la revanche.