Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/382

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Königstein, on me transporta enchaîné à Prague, puis à Olmütz, d’où en 1851 j’ai été transporté, enchaîné toujours, à Saint-Pétersbourg.

J’éprouve un véritable dégoût en me voyant forcé de raconter toutes ces histoires. Je le fais aujourd’hui pour la première et pour la dernière fois, afin de montrer au public quelle sorte de gens je suis condamné à combattre. Leur acharnement contre moi, qui ne les ai jamais personnellement attaqués, qui n’ai même jamais parlé d’eux et qui me suis systématiquement abstenu même de répondre à leurs agressions immondes, cette persistance haineuse avec laquelle, depuis mon évasion de la Sibérie, en 1861, ils s’efforcent de me calomnier et de me diffamer dans toutes leurs correspondances intimes et dans tous leurs journaux, constituent à mes yeux un phénomène si étrange qu’aujourd’hui même je ne suis pas encore parvenu à le comprendre. Ce qu’ils font contre moi n’est pas seulement odieux, dégoûtant, c’est bête. Comment ces messieurs n’ont-ils pas compris qu’en m’attaquant avec cet acharnement incroyable, ils ont fait beaucoup plus pour ma gloire que je n’ai pu faire moi-même ; car tous les contes révoltants qu’ils répandent avec cette haine passionnée contre moi, dans toutes les parties du monde, tomberont naturellement sous le poids de leur propre absurdité, mais mon nom restera, et à ce nom, qu’ils auront si puissamment contribué à faire connaître au monde, demeurera rattachée la gloire réelle, légitime, d’avoir été l’adversaire impi-