Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/397

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doute non. Car un peuple conquérant est nécessairement un peuple esclave, et l’esclave, c’est toujours lui. La conquête est donc complètement opposée à son intérêt et à sa liberté. Mais il en est solidaire dans son imagination, et il en restera solidaire tant qu’il n’aura pas compris que cet État pangermanique, républicain et soi-disant populaire, qu’on lui promet dans un avenir plus ou moins prochain, ne serait autre chose, s’il pouvait se réaliser jamais, qu’une forme nouvelle d’un très dur esclavage pour lui-même.

Jusqu’à présent au moins, il ne semble pas l’avoir compris, et aucun de ses chefs, aucun de ses orateurs, ni aucun de ses publicistes ne s’est donné encore la peine de le lui expliquer. Tous s’efforcent de l’entraîner au contraire dans une voie où il ne pourra trouver que l’animadversion du monde et son propre asservissement ; et tant qu’obéissant à leur direction, il poursuivra cette affreuse illusion de l’État populaire, certes, il n’aura pas l’initiative de la révolution sociale. Cette révolution lui viendra d’autre part, |31 probablement du Midi, et alors, cédant à la contagion universelle, il déchaînera ses passions populaires et renversera d’un seul coup la domination de ses tyrans et de ses soi-disant émancipateurs.

Le raisonnement de M. Marx aboutit à des résultats absolument opposés. Ne prenant en considération que la seule question économique, il se dit que les pays les plus avancés et par conséquent les plus