Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/431

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parole officielle, ce mot athéisme. Et ce serait un trop grand dommage, car, si elle tournait le dos à l’Internationale, c’en serait fait de toute la puissance de notre grande Association.

Il en est absolument de même de tous les principes politiques. D’abord, il n’en est plus un seul, — et MM. Marx et Engels auront beau se démener, ils ne changeront pas ce fait devenu aujourd’hui patent dans tous les pays, — il n’existe plus aucun principe politique, dis-je, qui soit capable de remuer les masses. Ils échoueront, après une expérience de quelques années, même en Allemagne. Ce que les masses veulent partout, c’est leur émancipation économique immédiate, car c’est là qu’est réellement pour elles toute la question de liberté, d’humanité, de vie ou de mort. S’il est encore un idéal que les masses aujourd’hui sont capables d’adorer avec passion, c’est celui de l’égalité économique. Et les masses ont mille fois raison, car tant que l’égalité économique n’aura point remplacé le régime actuel, tout le reste, tout ce qui constitue la valeur et la dignité de l’existence humaine, liberté, science, amour, action intelligente et solidarité fraternelle, restera pour elles à l’état d’horrible mensonge.

La passion instinctive des masses pour l’égalité économique est si grande que, si elles pouvaient espérer la recevoir des mains du despotisme, elles se seraient indubitablement et sans beaucoup de réflexion, comme elles l’ont fait souvent, livrées au despotisme. Heureusement, l’expérience historique