Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/497

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se souciaient peu de ce que pouvait dire un professeur allemand[1].

Fichte avait été chassé peu de temps auparavant de l’université d’Iéna, sous le gouvernement très éclairé du duc de Saxe-Weimar, l’ami de Gœthe, à cause de sa profession de foi révolutionnaire et athée. Eh bien, ce fut à cet homme que Stein et Hardenberg, les deux ministres nouveaux du roi Frédéric-Guillaume III de Prusse, dans un moment où la Prusse, conquise complètement et ne respirant plus que par la grâce de son vainqueur, s’était vue plongée dans une détresse infiniment plus accablante que celle où s’est trouvée la France en 1870 et 1871, — ce fut à cet homme que le gouvernement de la Prusse, bien plus heureusement inspiré que ne l’a été celui de M. Thiers, eut recours pour remonter, pour refaire l’énergie morale de la jeunesse prussienne et allemande.

57| Chose surprenante et digne de rester dans la mémoire des nations ! La véritable grandeur de la Prusse, sa puissance nouvelle datent de la catastrophe d’Iéna. Il est vrai que bien des causes antérieures, tant prussiennes qu’allemandes, l’avaient préparée. Parmi les causes exclusivement prussiennes, il faut mettre en première ligne la politique persévérante et tortueuse de cette maison de Brandebourg qui, pendant trois siècles de suite, de père

  1. Ces lectures ont été publiées sous ce titre : « Discours à la nation allemande », Reden an die deutsche Nation. (Note de Bakounine.)