Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/519

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c’était celle du grand État unitaire, embrassant patriotiquement toute l’Allemagne, et même plus que cela, tous les pays que les Allemands ont pris l’habitude à la fois historique et scientifique de considérer comme des parties intégrantes de la grande patrie allemande. C’est encore aujourd’hui le rêve de tous les pangermanistes.

Mais pour la réalisation de ce rêve, il fallait un organe, et cet organe ne pouvait être |71 autre qu’un État allemand déjà assez puissant par lui-même, et qui devait le devenir davantage par l’accroissement de moyens qu’il recevrait plus tard de l’Allemagne tout entière. Il est clair que puisque l’unité, de plus en plus désirée dès la seconde moitié du dix-huitième siècle par les esprits les plus patriotiques de l’Allemagne, avait, conformément à tout le caractère national, pour dernier but la puissance, il est clair, dis-je, que cette unification et centralisation nationale de l’Allemagne ne pouvait être réalisée que par l’État, et non par un mouvement spontané des populations allemandes elles-mêmes, un pareil mouvement pouvant bien produire la prospérité matérielle et la liberté, mais non la puissance politique d’une nation, à moins que le mouvement populaire, inspiré plutôt par cette passion de la grandeur politique que par l’amour de la liberté, ne tende et n’aboutisse de lui-même à la création du grand État, ainsi que le désirent aujourd’hui les démocrates socialistes de l’Allemagne, qui s’efforcent évidemment de l’entraîner dans cette voie.