Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/87

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lutte d’abord exclusivement économique, et conformer désormais tous ses actes aux résolutions de la majorité, en tant que ces résolutions auront un rapport soit direct, soit indirect à cette même lutte contre les patrons ? En un mot, la seule solidarité qu’on lui offre comme un bénéfice et qu’on lui impose en même temps comme un devoir, c’est, dans la plus large extension |120 de ce mot, la solidarité économique. Mais une fois cette solidarité sérieusement acceptée et bien établie, elle produit tout le reste, — tous les principes les plus sublimes et les plus subversifs de l’Internationale, les plus destructifs de la religion, du droit juridique et de l’État, de l’autorité tant divine qu’humaine, les plus révolutionnaires en un mot, au point de vue socialiste, n’étant rien que les développements naturels, nécessaires, de cette solidarité économique. Et l’immense avantage pratique des sections de métier sur les sections centrales consiste précisément en ceci, que ces développements, ces principes se démontrent aux ouvriers non par des raisonnements théoriques, mais par l’expérience vivante et tragique d’une lutte qui devient chaque jour plus large, plus profonde, plus terrible : de sorte que l’ouvrier le moins instruit, le moins préparé, le plus doux, entraîné toujours plus avant par les conséquences mêmes de cette lutte, finit par se reconnaître révolutionnaire, anarchiste et athée, sans savoir souvent lui-même comment il l’est devenu.

Il est clair que les sections de métier seules peu-